Le gaz russe représente environ 40% des importations de gaz en Europe (source eurostat) mais à peine 16.8% de l’approvisionnement français. La Russie n’arrivant que deuxième, après la Norvège qui représente 40.6% de l’approvisionnement en gaz français. La France produisant environ 1% de sa consommation de gaz grâce à la méthanisation. 

Deux modes de transports sont privilégiés :

  1. L’approvisionnement par gazoduc, ces canalisations souterraines permettant de transporter le gaz sous pression à une vitesse pouvant aller de 10 à 40 km/h sur plusieurs milliers de kilomètres. Il représente environ 57% du gaz importé. 
  2. L’approvisionnement par méthaniers, ces gros bateaux transportant du gaz naturel liquéfié (GNL). Liquéfier le gaz c’est le refroidir à -160°C ! Cela permet de réduire le volume de gaz d’un facteur 600 et ainsi faciliter son transport. La France est équipée de 4 terminaux méthaniers capables de réceptionner ce GNL et de lui rendre sa forme gazeuse (Montoir-de-Bretagne, Fos-Tonkin, Fos-Cavaou et Dunkerque). Il représente environ 43% du gaz importé.  
Ce gaz est ensuite stocké dans 12 sites de stockage souterrains permettant d’emmagasiner environ 1/3 de notre consommation annuelle.

 

Tous ces éléments limitent notre dépendance à la Russie et pourtant les prix s’envolent, pourquoi ?  

Le marché du gaz est aujourd’hui basé sur deux types de contrats : 
  1. Les contrats longs termes, dits « take-or-pay contracts » où l’acheteur achète un volume défini de gaz sur des durées longues (pouvant aller jusqu’à 25 ans). Ces sources de revenus assurés permettent aux producteurs de porter des investissements nécessaires à l’extraction du gaz. 
  2. Les contrats courts termes (au jour, mensuel ou trimestriel) où l’acheteur se source sur le marché « spot ». Ce marché répond à l’offre et à la demande avec une volatilité qui peut être importante. 
Les risques liés à la guerre en Ukraine font mécaniquement augmenter le marché « spot ».  A travers le monde, l’électricité consommée provient à 40% du charbon et à 22% du gaz. Or le prix de l’électricité sur les marchés européens est dicté par le principe de « coût marginal », c’est-à-dire que c’est la dernière centrale allumée (la plus chère) qui dicte le prix. Le prix des ressources primaires augmentant, les marchés européens de l’électricité augmentent également.

Coupure de gaz en Europe

A la suite des sanctions établies par l’UE (Union Européenne) envers la Russie, cette dernière a imposé aux Etat de l’UE de créer un compte bancaire à la Gazprombank afin de payer le gaz importé en rouble. Cette mesure permettrait à la Russie de limiter les impacts des sanctions financières et de sauver sa monnaie face à un risque d’inflation majeure. Dans la continuité de leurs engagements, et accusant Poutine de faire du gaz Russe l’objet d’un chantage, les Etats de l’UE ont refusé de payer les importations de gaz russe en rouble. En conséquent Gazprom a donc fermé les vannes de certains pays et diminué ses livraisons pour les autres. Bulgarie, Pologne, Pays-Bas, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Autriche, Slovaquie, République tchèque et plus généralement les pays « inamicaux » avec la Russie doivent trouver des alternatives afin de compenser ces problèmes d’approvisionnement. Avant la guerre en Ukraine, l’Europe importait 40% de sa consommation de gaz de la Russie (dont la plus grande partie via Nordstream1). Dans la crainte d’un hiver sans gaz russe, l’UE se doit de trouver des solutions. Certains pays de l’UE se sont donc dirigés vers d’autres pays comme les Etats-Unis, les pays du Golf ou d’Océanie afin d’importer du GNL (Gaz Naturel Liquéfié). Plusieurs pays européens ont également prévu de remplir leurs stocks de gaz à 100% à l’approche de l’hiver contre 80% lors d’un hiver habituel. Des restrictions de consommations drastique sur plusieurs secteurs d’activités devraient également être imposées en cas de coupure totale des approvisionnements russes. Depuis le 11 juillet, Gazprom a entrepris d’importantes Opérations de maintenance sur le Gazoduc Nordstream1 ce qui limitera frottement les livraisons de gaz vers l’Europe. Ces opérations devraient se terminer le 21 juillet prochain mais l’UE craint que cette date ne soit respectée en invoquant d’importantes réparations afin de prolonger les baisses d’approvisionnement. Les différents paquets de sanctions européennes devaient impacter l’économie russe mais la flambée des cours du gaz a changé la donne et l’Europe craint une récession en cas de coupure totale des importations russes.

L’effet boomerang

Depuis le début du conflit ukrainien, les européens ont acheté pour plus de 62M€ d’hydrocarbure à la Russie (la moitié de cette somme pour l’achat de pétrole et l’autre pour le gaz naturel). Cette somme augmente de 4 000€ chaque seconde. Cela représente plus que ce que l’Europe a acheté à la Russie sur la même période un an plus tôt. A titre d’exemple, la France a déjà versé plus de 4,3M€ à la Russie depuis 4 mois et l’Allemagne plus de 12M€. A la suite des sanctions économiques qui ont fait baisser la demande en gaz russe, le prix de ce dernier a fortement augmenté jusqu’à atteindre des niveaux records. Ces tarifs anormalement hauts permettent à la Russie de contrer la baisse de ses exportations. Les prix augmentent plus vite que les importations ne baissent, la Russie s’enrichit donc davantage en temps de guerre. Les sanctions sur le gaz russe nuisent plutôt à l’Europe qu’à la Russie, c’est l’effet boomerang.   Cet article peut également vous intéresser : « COMPRENDRE LE MARCHE DE L’ELECTRICITE EN FRANCE »  

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